On ne sait trop par quel vieux réflexe paternaliste le Premier ministre a voulu établir un parallèle entre le plan de relance à 100 milliards et un « cadeau à la France ». Pareille somme incite sans doute à l’emphase. Elle requiert aussi une dose de prudence.
Faire référence à des étrennes n’est pas seulement cavalier, s’agissant d’un argent ne sortant pas de la poche de celui qui le distribue : Castex n’est pas César. Parler d’un cadeau, c’est de plus s’écarter de l’intention et du contexte de cette décision budgétaire.
Pour les comptes publics, ces 100 milliards ne sont pas un don du ciel mais une dépense, lourde. Elle ne sera pas couverte par la grâce d’un mécène comme ont pu en connaître les rois ruinés du Moyen Âge. La collectivité elle-même est débitrice. Cet appui à l’économie, méritoire s’il en est, n’abolit sûrement pas la dette.
Dans l’idée de cadeau figure aussi le présupposé que son récipiendaire tire un avantage, pour lequel il est convenu de remercier par avance. Si la priorité est l’emploi, encore faudrait-il que les créations de postes escomptées puissent être obtenues. Le pays jugera, avant de dire merci. Car Castex à lui seul n’est pas le gage de l’efficacité et du bien-fondé des mesures prises. Les entreprises gardent le rôle-clé dans une lutte contre le chômage à base de bonus fiscaux.
Voilà le plus gênant dans l’allusion au cadeau. Un don se fait, lui, sans contrepartie ! Or, ces fonds n’ont pas vocation à partager une richesse disponible, par faveur. Il s’agit de relever, avec un argent à trouver, un pays dont le PIB pique du nez. Et c’est à force d’investissements, de projets écologiques et de réindustrialisation que cela doit se faire. Ces milliards sont le salaire d’efforts à produire.
Castex se rengorge de la facture du plan, sans connaître le gain en retour. Il aurait été plus inspiré d’annoncer un geste audacieux ou un pari fort sur l’avenir. Évoquer un cadeau au pays relève moins d’un vocabulaire responsable que de l’envolée à visée électorale. C’est sûrement sans rapport avec le calendrier esquissé, courant sur les deux années qui restent avant la présidentielle.
September 04, 2020 at 02:51AM
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